ILS FONT DES VIVRES, AUX MAC'S

Appétissant, non ?
Appétissant, non ?

 

On n'entendait plus guère

son succès des eighties,

"Il est libre, Max".

Hervé Christiani, de

dix ans mon aîné,

s'est éteint hier des suites

d'un cancer du larynx.

 

 

 

 

 

Mon titre lui sert un peu d'In Memoriam. On gardera l'image d'un poète toujours joyeux, un peu en marge du "glitter" du showbiz. 

 

Il paraît que les Mac's(-do), eux, font des vivres. Moi, je ne suis pas sûr que cela se mange vraiment. Mais j'ai vu aussi fort hier soir. Suivez-moi.

 

Comme mon but n'est pas de faire du tort à quelques enthousiastes qui espèrent gagner leur vie en travaillant, ce que j'approuve totalement, j'ai tout reconstitué chez moi, mais quasiment à l'identique. Enfin, tous les éléments que je vous livre sont exacts, mais j'ai pris soin qu'ils ne vous permettent pas de retrouver l'enseigne. D'une part, qui suis-je pour juger du travail d'autrui ?; d'autre part, les vrais juges condamnent maintenant les blogueurs qui veulent défendre la liberté d'expression et j'ai autre chose à faire que de me justifier devant un tribunal. Toutefois, le "concept" me paraît tellement saugrenu que je ne peux m'empêcher de vous livrer mon sentiment.

 

Hier soir (28 °C en marge du Golfe du Lion), Christine et moi sommes allés nous rafraîchir en bord de mer à la tombée du jour. Corneilla était une fournaise. Nous avions une petite faim: elle s'invente un régime de sa confection qui ne la rassasie pas jusqu'au crépuscule et moi, j'injecte moins d'unités d'insuline de base et je n'ai donc pas réellement faim mais parfois comme une envie de manger. C'est très pratique le diabète, quand on sait comment cela marche, depuis que les stylos existent. Dommage que les facultés de médecine n'enseignent plus cette matière aux jeunes médecins.

 

Or, notre "virée" du 14 juillet a consommé le budget alloué au poste "repas à l'extérieur" pour le mois de juillet et nous étions à la recherche d'un sandwich alléchant, d'un Döner Kebab d'allure convenable ou d'un pan bagnat acceptable. De vitrine réfrigérée - suppposée telle - en étal et de terrasse en pvc en siège de bar façon brise-cul, je suis tombé en arrêt devant le spectacle que je vous ai photographié d'après une reconstitution personnelle d'une ressemblance criante. Dans certains endroits, voilà ce qu'il reste de votre "repas". Et ils sont des dizaines à s'asseoir là. Je devrais dire "à se percher" car le plus souvent il s'agit de tabourets élevés, vos pieds ne touchant pas le sol. Ces sièges ont un avantage, les jolies jambes des jeunes femmes bronzées apparaissent très largement sous leur mini-jupette qui remonte. Attention toutefois à ce qu'un slip défraîchi, ou absent, ne vous perturbe durant tout le repas! 

 

Et que mangent-ils, les branchouillards, dans ces écuelles Durobor ou Arcopal en verre fumé ou transparent, incassable mais terni par une plonge au détergent agressif ? Ils mangent une "cagette de tapas". Je n'ai pas regardé le prix, ni même le choix des mets proposés. Les tapas, ces succédanés (on lit ersatz sur le menu en allemand) des petites portions savoureuses et variées offertes de la Costa Brava jusqu'à la pointe de l'Andalousie, servent ici de prétexte à vous vendre du Manchego rance, des bouquets ammoniacaux blindés à l'ail de Charm el-Cheikh, des patates en chemise défraîchies, des ailes de poulet de batterie et des supions tout droit sortis de la tortue de Pompée - faut lire Astérix pour avoir pigé. Quand c'est fini, on jette le Sopalin dans l'auge, on range le couvert dans l'huile qui inonde le fond de l'assiette et ... on rote son San Pe' à la face du monde, pansu, repu et ventru. 

 

Et que boit-on, à cet Aïoli Plaza? Du rouge, du rosé ou du blanc tout droit sortis du cubi acheté chez Metro le matin même, ou alors l'entrée de gamme des domaines en vue qui ont aussi une grosse activité de négociant.

 

Le tout peut afficher: "fait dans la maison" depuis le 15 de ce mois, c'est vrai, et "produit frais". Ca c'est moins sûr, sauf si on appelle "frais" une température

de - 38°C le matin, avant passage au micro-ondes. 

 

Non, l'astuce, le truc génial, c'est la présentation : dans une cagette à mandarines. Les services de l'hygiène font un travail colossal sur le pourtour méditerranéen, parfois même avec un peu d'excès de zèle. Plus aucun Britannique, plus le moindre Allemand, pas de Suisse pour encore trouver à se plaindre des conditions "cra-cra", comme c'était le cas il y a 20 ans. Mais comment assurer la propreté de ce "contenant", alors que, client après client, les bols débordent, les couverts se superposent, les verres se renversent, que ce soit sur la table, dans les bras des étudiants assurant le service, ou en cuisine à l'abri des regards ?

 

Un vieux con, moi ? Peut-être.

Je n'aime pas les "walking dinners". Je n'apprécie pas de manger perché sur une balançoire à sansonnet ou de me balancer du haut d'un perchoir à perruche pour attraper ma viande. Je ne veux pas boire de la bibine dans un gobelet à dents de chez Total. Et payer tout cela cher, très cher.

 

Qu'en pensent les maîtres restaurateurs? Souvent, leur salle est vide ou presque. Pourtant, leur personnel est là, et stylé. Pourtant, le papa est en cuisine, ou bien le patron accueille les clients dès la porte franchie. Pourtant la carte des vins est variée, et pensée en fonction des mets proposés.

 

Vraiment, je suis un vieux con : j'aime manger, bien manger si possible, plutôt que m'exhiber au milieu de ces pièges à touriste, dans la fumée des clopes, l'odeur rance de la crème à bronzer surchauffée, l'âcre parfum du shit traficoté qui brûle trop vivement et la poussière des lignes de coke vite prisée sur le formica des guéridons.

 

Un vieux con, je vous dis. 

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Thysebaert Philippe (jeudi, 17 juillet 2014 16:11)

    Cette fois, c'en est trop ! D'abord, vieux con le coeur entre les mains !...
    Je réponds oui et fier de l'être comme vous probablement. Ancien élève (assidu oui-oui) de vos cours au ceria (années '94 etc..), lecteur de vos billets depuis ?!... en touche les mac's !
    Et merci à Léon qui nous fait vibrer les neurones,... comme à la Civale,qui nous ramène sur terre en douceur,... ben oui !
    Phil.

  • #2

    Luc Charlier (jeudi, 17 juillet 2014 17:11)

    Merci à l'assidu. Ici, c'est plus souvent d'Assedic qu'on me parle. Le Mac, lui au moins, on le connaît depuis longtemps et il ne se cache pas (oh que non !). Le problème, c'est qu'il se reproduit. Mais les autres, les crypto-mal-bouffe, c'est plus sournois.