JE PORTE MA CROIX ... DE MALT

Wet wet wet (reduced)
Wet wet wet (reduced)

 

 

 

 

Dix ans et plus

que je n’ai plus

écrit de contribution

pour In Vino Veritas.

 

 

 

 

 

 

 

Oh, nous ne sommes pas en froid, bien au contraire. Je continue à me trouver nez à nez avec Bernard Arnould. Quand il me donne un tuyau, je dis merci à Daniel Marcil. Tant va ma plume au blog de Lalau que parfois elle me grise. J’ai dans mon cartable les feuilles de dégustation de Marc Van Hellemont, impensable conjoncture il y a tout juste dix ans. Et si je ne fréquente pas Flupke dans les clubs libertins, c’est par pudeur excessive et non par inimitié. Les mauvaises langues – souvent des hockeyeurs, allez savoir pourquoi - diront que je crains les comparaisons anatomiques mais ce sont des ours mal léchés.

 

Non, la vérité – la mienne, car d’autres s’en accommodent bien et c’est leur droit – est que je me censure moi-même. Il me semble qu’un vigneron peut avoir un avis personnel sur le vin de ses collègues, et plus mon expérience du cuvier augmente (mon dixième millésime est en route), plus j’apprécie les autres vins. Mais cette impression ne doit pas accéder au statut d’objectivité en étant publiée. C’est juste mon avis.

 

Par contre, n’élaborant pas d’eau-de-vie, rien ne m’interdit alors de rendre publics mes commentaires. Je pense être un connaisseur en whisky de malt, en armagnac et en rhum. Je suis par contre totalement ignare en matière de cognac. Notez que j’ai substantivé (minuscule) et collectivisé (invariable) tous ces trésors.

 

Donc, Yves De Bruyne avait réuni pour la rédaction du journal, au Dieweg, une série de jolis malts et nous les avons goûtés ensemble. Pour la Civale, ce fut un « maiden voyage » et elle est revenue sur terre ravie de ce trip. Insigne honneur, on m’a chargé d’en écrire le compte-rendu, pour le compte de l’édition d’avril, qui doit dès lors être rendu .... bientôt. Vous comprendrez que je ne volerai pas la primeur à Apic. Pour un aperçu indiscret, jetez un oeil ICI, car Hervé Lalau – néophyte comme il le reconnaît lui-même, et aussi profane – vous soulève un coin du voile. Puisqu’il révèle quelques étiquettes, je peux vous confier quatre anecdotes. Oui, encore des anecdotes.

 

Cragganmore m’a été dévoilé – la distillerie fut fondée en 1870 par le fils du créateur de The Glenlivet à Ballindaloch, dans la Spey – dans des circonstances curieuses. J’ai promené pendant dix jours sur mon dos le Johan de la cuvée Jolo dans l’archipel des Shetlands. C’était à l’été 1985 et il allait avoir un an. Sa mère me supportait encore à l’époque et je l’ai promenée aussi, mais pas sur mon dos. Nous logions dans un splendide cottage transformé en hôtel par un Aberdonien et il me fit découvrir un malt par jour. Cragganmore-Glenlivet – son propriétaire actuel a laissé tomber la seconde moitié de l’intitulé pour des raisons commerciales évidentes – fut l’un d’eux.

 

Royal Lochnagar fut la dernière bouteille que j’ai acquise auprès de la Malt Whisky Society, noble association (commerciale) écossaise proposant à ses affiliés des whiskies issus de barriques individuelles, non réduits et non filtrés. Prix à l’avenant mais cela avait peu d’importance avant que je ne devienne néo-vigneron et par conséquent nouveau pauvre. Le père de notre chèvrière préférée, Howat Russell, se fournissait aussi chez eux et cela nous valut quelques séances de dégustation comparative ... attentives et prolongées. Je pense que sa fille faisait comme si elle me supportait dans le seul but de participer à nos « hepatocyte parties », comme on dit dans le jargon spécialisé.

 

Coal Ila constitue en permanence ma bouteille ouverte à la maison. J’ai visité la distillerie pour la première fois en septembre 1992. Ils avaient enlevé les grandes baies vitrées de la salle aux alambics donnant sur Port Askaig pour ... remplacer les cols de cygne. Il faisait caillant. La mère de la Loute – qui me supportait encore à l’époque – était transie de froid. La veille, nous avions conduit la petite Peugeot 205 rouge (volant à gauche) au sommet du Mull of Kintyre, et avions fait brailler l’auto-radio au son de la cassette sur laquelle figurait la chanson de Paul Mc Cartney. La mer d’Irlande se déroulait au loin et le Campbeltown Loch, de l’autre côté, réfléchissait vers nous ces relents de Springbank que j’aime tant. Enfin, là j’embellis un peu.

 

Quant à Lagavullin, que vous prononcerez avec un « w », c’est un des malts les plus tourbés qui soit, et Christine, qui me supporte encore pour le moment, l’a goûté pour la première fois à cette occasion.

 

 

Vous voyez :  quatre malts, quatre femmes,

quatre brins de nostalgie issus d’une vie ;

un opéra de quatre sous en somme !

 

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Patou (jeudi, 27 février 2014 09:56)

    Aaah, les Shetlands dans le brouillard! Mes lentilles de contact étaient restées dans la cabine du ferry (récupérées au retour, ô miracle). Et bébé Johan a bouffé du porridge pendant 10 jours, parce que les petits pots n'avaient pas encore atteint cette partie isolée du monde...

  • #2

    Hervé Lalau (jeudi, 27 février 2014 13:09)

    Tranches de vie, épaisses comme le brouillard écossais qui finit parfois par de lever sur de superbes paysages, un rayon de soleil qui change tout.