LES NOURRITURES TERRESTRES

Maïté Schramm, sa joviale collaboratrice et Smith "le Forgeron"
Maïté Schramm, sa joviale collaboratrice et Smith "le Forgeron"

 

 

 

 

Cela fait

9 ans

que je suis là,

jour pour jour.

 

 

 

 

 

 

 

Le 12 février 2005, Pierre Fontaneil me prêtait un petit studio à front de rue dans la patrie de François Arago. José et moi commencions à tailler ... les vignes disparates d’un domaine qui naissait.

 

Pour une raison que j’ignore, Michel Smith me croit un peu déprimé. En fait, les temps sont durs, je nourris quelqu’inquiétude sur l’état endémique de mes finances – comme beaucoup de collègues – et je suis surchargé de travail, notamment à cause de la quantité croissante de papiers à remplir. A la vigne, ça va, je gère. Mais, à part cela, ce n’est que du bonheur.

 

Mes vins me plaisent. Ils plaisent aussi à une clientèle de connaisseurs de plus en plus large. Ils plaisent aux sommeliers. Ils plaisent aux jurys du Guide Hachette. Ils plaisent à mes amis et à mes proches. Il a fallu neuf ans pour réaliser le rêve de ma vie. Combien peuvent en dire autant ?

 

Michel possède une qualité rare – on la retrouve aussi chez notre aîné Roland Gohy, journaliste belge très « senior » - il accepte très bien la taquinerie. Avec moi, il vaut mieux, j’ai la moquerie facile et pas toujours la plus grande finesse. Donc, nous avons des divergences de vues fréquentes, vraies, mais qui ne le fâchent pas, ou alors pas longtemps. Et puis, nous avons des railleries réciproques, sans réel fondement, mais qui me font rire. Il a connu – c’était son métier – le temps où la presse spécialisée florissait et où certains de ses membres « en profitaient ». Il a connu une époque de relatif pouvoir du plumitif, à présent révolue, ce dont je me félicite. Parfois, je taquine à ce sujet, sans très bien savoir où est la limite. Il y a du Dieudonné en moi, sans le talent mais aussi sans la méchanceté – supposée ou avérée – et certainement sans le fameux secret agenda qu’on lui prête à tort ou à raison.

 

Ce midi, il m’a convié au pied levé chez Maïté. Elle est la femme du Maire de Calce – en tout cas, il était encore le premier magistrat de la commune des Gauby et autres la dernière fois que je nous avons dégusté ensemble mais je ne suis pas de près la politique locale – mais anime surtout un « bouchon » à une encablure du théâtre hideux commis par Jean Nouvel sur l’emplacement de l’ancienne gare routière de Perpignan, qui offre heureusement une programmation de qualité. Michel y a son « stamcafé » comme on dit chez moi. On y boit des vins sympas - non, pas les miens, je suis neutre dans ce coup-là – et on y croque un bout sans prétention mais savoureux.

 

Ce midi, il avait aussi deux compères à table. Nous avons installé nos derches sur quatre chaises à la table du fond : le Bistrot du Comptoir des Crus accueillait donc aussi les poivrots du bien boire et leurs culs.

 

Et alors ? Alors rien : on a fait connaissance, on a bu du carignan – mais pas que – et on a mangé des pois chiches, du porc mijoté et de la faisselle. Ce n’était pas l’Auberge des Trois Faisans, nous n’avons pas conspué les bourgeois et je suis ressorti de là gaillard (non, pas Pierre), fonçant vers d’autres aventures.

 

 

Merci Michel, à plus.

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Michel Smith (mercredi, 12 février 2014 21:09)

    ... Mais ce fut un sacré bon moment !

  • #2

    Hervé Lalau (jeudi, 20 février 2014 11:48)

    Et chacun a payé sa note, j'espère!
    Parce qu'on ne rigole pas avec ces choses là, hein.

  • #3

    Luc Charlier (dimanche, 23 février 2014 18:02)

    Et même bien plus, maître Lalau. Remarque que j’ai bien écrit qu’il m’a CONVIÉ : c’est effectivement à L ‘INVITATION de Michel que nous avons croqué au bistrot de Madame la femme du Maire. Je me suis même permis une réflexion - tu sais que je peux être gougeat – que je n’aurais sans doute pas faite s’il ne s’était agi de Michel, signalant au passage que j’immortalisais un acte qui fera date : un journaliste vin payant une addition! Un autre l’aurait sans doute mal pris ... où se serait senti visé. Je pense avoir compris que notre Forgeron a sa table réservée deux midis par semaine – il ne mange plus que très rarement un repas complet le soir, ce qui, diététiquement parlant, est fort intelligent – dans cet établissement. Il en profite pour régaler d’autres convives et, selon son expression, « boire des quilles sympas ». J’avais eu la bienséance moi-même d’apporter un flacon de qualité, la Loute 2012 que tu as bue lundi à IVV, en dernier, qui faisait à cette occasion sa sortie dans le monde, une primeur que j’avais réservée à notre ami carignanesque.
    Je n’ai pas tenu les comptes mais nous devons nous voir en petit comité deux ou trois fois par an, soit dans un petit restau du centre de Perpi, soit chez lui, soit chez moi. Ceci permet de réciproquer sans passer par le cérémonial, équitable mais parfois un peu lourd, du partage arithmétique des notes.
    Pourquoi, tu as eu vent de quelque chose ?

  • #4

    Hervé LALAU (lundi, 24 février 2014 08:48)

    Non, c'était en référence à certains de nos chers amis british qui trouvent qu'on devrait publier nos notes de frais, nos intérêts cachés, etc. Curieusement, ce sont souvent ceux (ils sont de plus en plus rares) dont les éditeurs paient les frais en totalité, ce qui leur assure l'indépendance qui me semble devoir aller de soi, mais qui n'est souvent plus qu'un souvenir pour les autres. Facile de dénoncer les copains moins chanceux…
    En un mot, je suis en principe pour que le journaliste paie tout, mais la réalité des choses fait que c'est déjà trop difficile de vivre de ce métier, alors je m'accommode de compromis bancals... pour le bien de mon compte bancaire.
    Et puis, il y a une vie au delà du journalisme, on peut avoir envie de passer de bons moments avec des copains vignerons, en "off". Le tout est de savoir tirer le trait entre le "boire ensemble" et l'écriture.