FRANCO-LLÍVIA MON AMOUR

Benvinguts en Catalunya !
Benvinguts en Catalunya !

Au péril de mon

repos hebdomadaire,

aiguillonné par

les injonctions amicales

de Jacques Berthomeau

et par la curiosité insatiable

de Denis Boireau,

parmi mes plus belles

« cyber-trouvailles »,

je me suis fendu

des deux heures de route

qui mènent au Plateau Cerdan.

 

 

Un peu d’histoire pour commencer, la grande. J’en suis très gourmand.

Les plans originaux de la forteresse de Salses-le-Château sont toujours détenus par Madrid à ce jour, qui ne veut pas les rendre à la république. De même, une bonne partie de la frise du Parthénon se trouve toujours au British Museum. Idem dito pour les deux têtes d’animaux en bronze pillées au Palais d’Été que la généreuse famille Pinault – c’est de l’humour – rend à la Chine. Les conflits transfrontaliers, où même franchement exotiques, pour des pécadilles sont légion, on le sait.

 

Nous, c’est l’enclave de Llívia qui retient notre attention du jour.

Ma Cuvée Miquelet, un grenache cum carignan de 2005, issu pour la majeure partie du Clots d’en Couloms et de la Coumo de Miquelet, sur Saint-Paul-de-Fenouillet, fait allusion à plus de mille ans de bisbrouille entre les « angelets », angelots partisans de la couronne de France, et les « miquelets », du nom de mercenaires levés pour l’Aragonais par Miquelot de Prats. Nous reviendrons sur ce sujet dans le détail un autre jour.

 

Plus tard, la Bataille du Boulou (une première en 1793 et une autre en 1794) fait partie de ce qu’on a appelé les « Guerres de la Révolution Française », qui se termineront par les traités de Campo-Formio, Lunéville et Amiens. Les batailllons des généraux Augereau (pas Ogereau !) et Dugommier y vaincront les troupes espagnoles, au sein desquelles opéraient d’ailleurs des régiments wallons - autant pour Mme. Lepen qui veut rattacher la Wallonie à la France.

 

Pourtant, le Traité des Pyrénées (1659) avait, paraît-il, réglé le problème de la « Catalogne Française », erronément appelée le Roussillon. Demandez au Tres de Mayo de l'éblouissant Goya comme les deux pays s’adoraient à l’aurore du 19ème siècle, pour voir. Cet accord mettait pourtant fin à 3 décades de guerroyage entre la France du Quatorzième et les troupes de Philippe d’Espagne. Mais bien au-delà du côté « mercantile » - je te donne cette ville et tu me rends cette enclave, je te marie la cousine et toi tu me fous la paix avec le Condé et les Portugais ... – il entérine de fait une situation de prédominance en Europe : les Bourbon l’emportent sur la Maison de Habsbourg.

 

Pour les détails du marchandage, vous irez voir ailleurs. Nous nous limitons à décrire ici ce qui concerne les P.O., dénomination actuelle. Le traité cède à la France le Roussillon et trente trois bourgs ou villages cerdans. La frontière pyrénéenne sera même délimitée par 602 bornes entre Irun et Port Bou. Nous allons d’ailleurs souvent nous balader du côté des bornes 504 et 505, bien visibles au-dessus d’Osséja, vers 2000 mètres d’altitude, sous le Puigmal. On y rencontre de temps à autre des bandes d’isards, on y aperçoit des aigles royaux et d’innombrables vols de vautours ; nous y avons même furtivement vu passer un ourson ... heureusement sans sa mère.

 

Ces trente trois villages sont définis dans le Traité de Llívia, signé en 1660. Mazarin s’y est fait entuber par le Premier Ministre espagnol, Haro, qui n’était pas venu à dos d’âne. Reconnaissant à Llívia le statut de municipe (= de ville), il a permis à ce territoire d’échapper à la portée du traité. De nos jours encore, il constitue une enclave espagnole de plein droit, bien qu’isolé de tous côtés sur le sol français. Une route où les douaniers n’ont rien à faire – qu’on appelle une route « neutre » - traverse la municipalité et la relie DIRECTEMENT à Puigcerda, ville espagnole.

 

Je vais vous montrer en images (cliquez ICI) comment ce paradoxe ubuesque se matérialise sur le terrain. Il y a deux approches : comme l’explique le billet de « Vin & Cie », on a résolu le problème des « STOP » et autres susceptibilités en créant un pont (sur la voie expagnole) qui enjambe la Nationale 20, demeurée sur le plancher des vaches. C’est le contribuable qui assume ces frais ridicules, bien entendu. Ailleurs, près du nouvel abattoir, c’est un joli rond-point – on dit un « giratoire » à présent – qui vous dirige aux quatre points cardinaux.

 

J’espère que vous appréciez l’effort de journaliste d’investigation accompli par Léon, respectueux du centralisme démocratique et de la volonté du plus grand nombre. Bon, en même temps, cela m’a permis de conduire Christine une fois encore honorer la table d’un de nos clients préférés (nous en reparlerons), puis de pousser vers Andorre-la-Vieille par le Col d’Envalira (2409 m d’altitude) et de rentrer ensuite, au prix d’une centaine de kilomètres de détour, par Ripoll, puis le Parc des Volcans autour d’Olot, et enfin l’Empordà et son Llobregat.

 

Qu’est-ce qu’on dit ?

- « Merci, M’sieur Majou.

Tu nous en mets vraiment dans tous les trous ! »

 

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    MichelSmith (dimanche, 12 mai 2013 11:53)

    Eh bien voilà ! Je savais qu'il suffisait de te brancher pour que tu partes en reportage historique ! Merci !