L’ASCENSION REVISITÉE

Et factum est Majou recessit ab eis ....
Et factum est Majou recessit ab eis ....

 

« ....

50 Eduxit autem eos foras in Bethaniam et elevatis manibus suis benedixit eis

51 Et factum est dum benediceret illis recessit ab eis et ferebatur in caelum

52 Et ipsi adorantes regressi sunt in Hierusalem cum gaudio magno

 

53 Et erant semper in templo laudantes et benedicentes Deum amen ... »

 

 

 

 Bon, ben oui, c’est la tradition lucanienne qui nous rapporte ces événements, seule parmi les évangélistes. Je termine donc le mien à moi, Luc, par ce récit, et commence itou mon autre best-seller, les « Actes des Apôtres ». Il n’est donc que justice que Léon vous en propose une traduction personnelle car les plus djeuns d’entre vous n’entravent que pouic à la vulgate : 

50 Par ailleurs, il les mena jusqu’à Béthanie et leur donna la bénédiction,

     les mains en l’air  

51 Et, c’est un fait avéré, il fut enlevé à eux et emporté vers le ciel,

     alors même qu’il était en train de les bénir 

52 Quant à eux-même, c’est pleins encore d’adoration qu’ils s’en

     sont retournés à Jérusalem, le coeur empli d’une grande joie 

53 Et ils demeurèrent alors en permanence au temple, louant Dieu et le

     bénissant, Amen

 

Je suis un athée, sans doute le seul parmi une famille d’agnostiques, à ce qu’on dit. Toutefois, sans être ni un « bouffeur de curés » ni un zélé oecuméniste, je pense que notre civilisation repose avant tout sur les valeurs et la tradition du monothéisme judéo-chrétien, que je tiens pour indivis, même si ceci paraît un blasphème à d’aucun. Qu’on me jette au fleuve dans un sac de jute, au moins j’aurai les burnes dedans.

(Contactez François Villon pour plus d’explications si cette dernière vous échappe)*

 

Je me reconnais parfaitement dans la majorité de ces valeurs, qui m’ont été imposées culturellement sans doute, mais que j’ai pu soumettre à mon examen critique par après. On a toujours le choix, même si celui-ci peut paraître difficile quelquefois. Il n’y a qu’au sujet du respect de la vie – humaine ou autre – que mes positions diffèrent largement de celles du credo mais, à ma grande joie, mes amis qui se réclament de la chrétienté ou du judaïsme ont très souvent la même attitude que moi (avortement, eugénisme, suicide, euthanasie ...). Et j’accepte avec encore bien plus de coeur les rites, rituels et manifestations d’origine religieuse qui sont entrées dans la tradition (accord au féminin par voisinage et par sympathie spontanée). Donc, vive le jour de congé de l’Ascension.

 

Qu’est-ce donc que cette histoire de monter au ciel ?

 

Tout d’abord, ce n’est pas tout neuf.

. Dans la Rome antique, un aigle symbolisant l’âme du défunt était lâché non loin du bûcher funéraire et rejoignait les cieux. Sous l’empire – enfin, avant Constantin – on élevait systématiquement les Césars défunts au rang de divinité dans les cieux, également une apothéose.

. Les ziggurats existent depuis les temps les plus reculés (tournant du 3ème au 2ème millénaire), et ont inspiré la Tour de Babel. Au sommet, ne trouvait-on pas, selon la légende, une femme qui attendait un homme/les hommes ? Et un escalier ne permettait-il pas, le cas échéant, à Dieu de nous retourner le politesse et de venir à son tour faire un petit coucou aux humains ?

. Le grand Hercule lui-même, non content d’avoir un temps soulagé Atlas - pour lui piquer les pommes du jardin des Hespérides, on est d’accord mais on a le Gethsémani qu’on peut - termina sa vie au ciel. Le fils d’Alcmène avait donc porté la voûte céleste avant d’y accéder en personne.

. Romulus fit comme Mort Shuman et son « Papa Tango Charly » au Triangle des Bermudes ou comme Alain Colas avec Manureva au large des Açores : une tempête l’emporta vers le ciel. Avec Tite-Live – c’est un pote – je suis prêt à accepter que ce sont les patriciens hostiles qui ont manigancé la chose et que toute la fable de Quirinus ne tient pas debout.

 

Bon, et le Ressuscité alors, quid ?

Tout d’abord, l’Ascension tombe (ça c’est drôle) toujours un jeudi car elle intervient 40 jours après le dimanche de Pâques. Ce détail s’inscrit dans le message du Nazaréen : il a souffert pour les hommes, il s’est sacrifié pour eux mais c’est Dieu qui le rappelle (bien rendu dans ma traduction perso, non ?) et c’est afin que les survivants gardent le message – et le propagent – qu’il disparaît sans laisser d’adresse. En outre, le choix du jeudi permet à tous les salariés de la chrétienté de se voir un offrir un long week-end de pont à cette occasion. Notez que, comme dans le cas de Romulus, il est possible que les notables du Mont du Calvaire et des alentours en aient eu assez de cet illuminé et ont donc « disposé de lui ». Voir les fascinants romans de Marek Halter sur le même sujet, à savoir en fait les nouveaux chrétiens et leur isolement parmi la population indigène.

 

Je ne vais pas vous refaire le coup de l’explication avec le début de mon second ouvrage (« les Actes »), mais j’y expose la même chose.

 

Vous voyez, à la Coume Majou,

on profite de ce jour de congé

pour l’édification des blogueurs.

On se retrouvera à la Pentecôte pour la suite.

 

 

* : Semblablement, où est la roine / Qui commanda que Buridan / Fût jeté en un sac en

     Seine ? / Mais où sont les neiges d'antan ?

 

 

 

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