KIMAPLU

 

 

 

Le dernier qui m’a plu : POMEROL

 

Château Le Gay 1985

 

 

 

Vous avez vu la capsule (d’étain) ?

Pas de congé, et pour cause :

une de feu les soeurs Robin m’avait envoyé « à la régie », derrière l’église,

chercher mon « acquit » qu’on appelait encore un VA2

à l’époque.

 

 

 

 

 

Bas de laine tombant sur ses malléoles amaigries, petits pieds plantés dans des charentaises, vieux tablier bleu clair, elle n’avait pas l’allure de ces messieurs de Moueix qui lui achetaient pourtant l’essentiel de la vendange de Lafleur ou de Le Gay.

Nous avions goûté du fût un ou deux millésimes et discuté une bonne demi-heure. Cela devait être en 1988 ou 1989. Je ne sais plus si c’était Thérèse ou Marie. Peu importe à présent.

 

Actuellement, internet nous apprend : propriété de Catherine Péré-Vergé, oenologue : M. Rolland, pas de visite, pas de vente au domaine et « culture raisonnée ». Moi, j’aimais mieux avant.

Sortez 90 euros. J’avais payé 90 francs.

 

Le vignoble d’un bon 8 ha comptait à peu près autant de merlot que de cabernet franc et les barriques neuves étaient rares dans le vieux chai éclairé par de méchantes ampoules nues.

On s’en fout, le vin était dense, les tannins marqués et l’acidité vive, même en 1985.

 

Ce jour, après 30 minutes de carafe (pas de fond, bouchon sans aucun défaut) :

. robe incroyablement foncée : grenat à tendance noire, presque du Cahors

. nez puissant de goudron, de framboise écrasée, de menthe poivrée en retrait

. bouche à l’attaque fraîche (légère volatile agréable), milieu gras et plein, finale sur des tannins asséchant un peu mais sans âpreté. Garde de l’avenir et se fondra encore, je crois.

 

Je n’ai jamais bu Pétrus ni Le Pin dans ce millésime, mais bien Trotanoy, Latour, Lafleur-Pétrus, La Conseillante, La Violette, Fleur de Gay, Vieux Château Certan, l’Evangile, Petit Village etc ... Cette bouteille-ci les dépasse aisément en puissance.

 

Grosse émotion devant la jeunesse de ce flacon, qui nous tint tête à des fines tranches de selle de chevreuil froide saucées d’une purée de cette même viande agrémentée de cacao et de piment d’Espelette.

 

Une merveille.